Association loi 1901 basée sur la solidarité, LIBI N WAN a été créée en 1994 pour favoriser l’insertion économique et sociale de la population Businengé. Composée de sept ethnies, cette population regroupe les descendants des esclaves Africains qui se sont rebellés et enfuis dans la forêt amazonienne. Ils ont alors pris le nom de " Bush Negro " (nègre des bois), ou Businengé, dans leur langue.
Cette création s’est faite à partir d’un constat très simple : alors qu’une opération importante de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI) était lancée au village Businengé de Kourou pour reloger ses habitants vivant en bidonville, rien n’était prévu pour tous ces nombreux jeunes livrés à eux mêmes et sans perspective d’avenir (avec les problèmes de délinquance à la clé) : que ce soit en terme d’équipements de proximité, d’où l’inscription du quartier par la suite dans le périmètre du Projet de Renouvellement Urbain (PRU) de Kourou pour traiter cette problématique, ou d’un point de vue économique, alors que des compétences, telle la sculpture du bois pratiquée dans de petits ateliers informels, étaient entrain plus ou moins de disparaitre .
Outre les actions de soutien et d’accompagnement social apportées au quotidien à la population, les actions spécifiques portées par LIBI NA WAN ont donc d’abord été axées sur le TEMBE, artisanat traditionnel des différentes ethnies et base de la culture Businengé. A cet effet LIBI NA WAN a mis en place des ateliers-école destinés à rendre accessibles aux jeunes les savoir-faire traditionnels, tant sur le plan technique que sur celui de la lecture des symboles qui constituent l’écriture ornementale de l’Art marron. Des publications ont été faites pour faire mieux connaître cet art auprès d’un public élargi.
LIBI NA WAN a ensuite mis en place des chantiers d’insertion liés au TEMBE : cuisine traditionnelle, broderie, sculpture et peinture Businengé ….afin de former des jeunes pour que ceux ci puissent monter leur propre activité et vivre de leur art, ce qui a été le cas pour certains de nos anciens salariés.
Plus récemment, afin de mieux répondre aux attentes et besoins malheureusement toujours plus nombreux de toutes ces personnes en difficulté d’insertion sur Kourou, quelque soient leur origine et leur quartier, et afin de s’inscrire pleinement dans une démarche d’insertion sociale mais surtout et plus que jamais économique, deux chantiers d’insertion aux compétences élargies, liés aux techniques de constructions, aux métiers du bâtiment pour l’un d’entre eux, et aux travaux de menuiserie-ébénisterie pour l’autre, ont été mis en œuvre. Ces métiers ont été choisis parce que davantage prometteurs en terme de débouchés et d’emploi.
L’objectif est plus que jamais de faire en sorte que les personnes en insertion puissent, pendant leur période de formation qui dure entre 12 et 18 mois, acquérir les techniques mais aussi les savoirs nécessaires (savoir être, savoir faire) pour trouver du travail, voire monter leur propre projet professionnel ou poursuivre vers des formations qualifiantes à l’issue des chantiers.
A cet effet, une formation pratique est dispensée par des formateurs compétents salariés ou prestataires de l’association - les deux formateurs actuels sont d’ailleurs d’anciens salariés en insertion issus de nos chantiers - . Sur le chantier menuiserie-ébénisterie, certains salariés sont amenés à réaliser aussi bien des meubles pour satisfaire des commandes de particuliers que du mobilier urbain à destination des collectivités dans le cadre de projets d’aménagement; sur le chantier bâtiment, les salariés sont amenés à construire des « carbets » pour la Commune dans le cadre du projet ANRU, édifier des clôtures, rénover des logements ou encore à peindre des immeubles dans le cadre d’appel d’offres remportés par LIBI NA WAN, dans le cadre de marchés directs ou en sous traitance. Sur ces derniers chantiers on se retrouve ainsi avec un public en difficulté d’insertion à 100%, chiffre bien supérieur aux taux des clauses d’insertion…
Cette formation pratique est complétée d’une formation théorique à la carte en fonction du parcours de chacun – certains ont été très peu à l’école, d’autres parlent à peine le français..- qui est suivie et évaluée par l’accompagnatrice sociale de l’association qui se charge aussi de trouver les entreprises susceptibles d‘accueillir nos salariés pour des périodes d’immersion, voire pour les embaucher à la fin du chantier ce qui actuellement loin d’être évident.
Au bout de 20 d’existence, LIBI NA WAN est bien évidemment reconnue de par ses réalisations artistiques, et cela bien au delà de la région Guyane puisque nous avons déjà eu l’occasion de montrer quelques unes de nos réalisations dans des expositions de renommées nationales voire internationales comme à l’UNESCO, au Québec…
Mais elle est désormais aussi reconnue de par les résultats concrets en terme de formation et d’emploi obtenus. Quelques exemples concrets et récents : 4 jeunes sur 5 présentés en candidats libres au CAP menuiserie ont obtenus leur diplôme, deux viennent de partir dans l’hexagone pour suivre une formation de spécialisation en menuiserie alu et électricité, enfin un vient de signer un CDI avec une entreprise locale.